Back
hortence is the research centre for Architectural History, Theory and Criticism of the Faculty of Architecture La Cambre-Horta of the Université libre de Bruxelles
hortence is the research centre for Architectural History, Theory and Criticism of the Faculty of Architecture La Cambre-Horta of the Université libre de Bruxelles
En matière de recherches associant gender studies et architecture, rares sont celles qui ont intégré dans leurs préoccupations les évolutions les plus récentes de la pensée queer et la distance critique que celle-ci oppose à l’égard des normes qui régulent le conformisme social et culturel. Plus spécifiquement – et plus largement à la fois -, la question des rapports entre les sexualités comme constructions socio-culturelles et les enjeux spatiaux que celles-ci soulèvent ont souvent été mis de côté, comme si l’étude des un(e)s n’engageait pas les autres, ou trop peu pour être envisagé(e)s valablement. Si certains travaux de Paul Beatriz Preciado pourraient être considérés, à de multiples égards, comme exemplaires d’une ouverture pour l’« architecture » à ces (re)positionnements politiques et épistémologiques, force est de reconnaître parallèlement que les pistes offertes par la pornotopie (P. B. Preciado 2004, 2011) n’ont pas encore été exploitées, et que l’exhorte de Preciado pour une prise en considération de l’espace comme dispositif de potentielle pratique de désobéissance biopolitique (P. B. Preciado 2012) n’a pas encore été suffisamment entendue. La présente recherche entend envisager cette pornotopie comme prétexte heuristique capable de renouveler notre regard sur les rapports qu’entretient l’architecture avec la sexualité, le genre, ou la fabrication des subjectivités sexuelles. Plus précisément, elle entend s’attacher à certaines questions et caractéristiques que sa topologie soulève ; considérer ce que les pratiques sexuées envisagées comme troubles font à l’espace et à ses dispositifs et, inversement, ce que les lieux font aux pratiques sexuelles, sexualisées considérées comme étranges, « déviantes » (H. Becker 1985), « parias » (GSS n°11 2014), « hétérodoxes » (Ph. Combessie, S. Mayer 2013) ou du moins « non-conventionnelles » (D. Welzer-Lang 2005). Plus précisément, nous nous attachons dans cette étude aux formes de sexualités parias dites communément « libertines ». Derrière ce terme plurivoque, il s’agit d’identifier ce qui caractérise et rassemble des cultures sexuelles contemporaines distinctes qui toutes engagent cependant des individus dans des sexualités et des pratiques sexuelles non-conventionnelles, alors que ces mêmes personnes répondent et représentent parallèlement et non contradictoirement nombre d’injonctions normatives (entre autres le référent dyadique hétérosexuel) dans leur quotidien. Cartographier la planète libertine, ses différents modes d’expression, ses pratiques de résistance et de construction culturelle multiple, à partir de dispositifs spatiaux qui la définissent ; tel est, à ce jour et en l’état, l’objectif général de cette recherche.