Séminaire Habiter/Hortence #2 “Une mouvance tiers-mondophile”

Diane Aymard, historienne de l’architecture, viendra présenter le 11 février à 17h à la White Room (bibliothèque de la faculté d’architecture, Flagey), sa thèse qu’elle vient tout juste de soutenir en 2024.

Deux “évènements” marquèrent la France durant les années 1960 : les indépendances et la révolte ouvrière et étudiante de mai 68. Liés d’une manière paradoxale et complexe, ils firent naître dans les décennies suivantes une mouvance “tiers-mondophile” – plus qu’un mouvement tiers-mondiste – au sein de la discipline architecturale. Durant près de trois décennies, différents groupes d’enseignants consacrèrent leurs activités pédagogiques et scientifiques à cette aire géographique aux limites aussi vastes que floues, développant divers théories, méthodes et outils, au regard de la multiplicité des positions idéologiques et politiques de ceux-ci. De ce fait, ils doublèrent le décentrement géographique déjà amorcé par les voyages d’architectes au XIXème siècle par un décentrement épistémologique.

De la genèse de ces enseignements au cours des années 1960-70 et de leur relation organique à la politique de Coopération, il en fut issu des théories développées au sein des UP (aujourd’hui Ensa), ainsi qu’un rapport complexe à l’altérité. Mais, tandis que le tournant des années 1980-90 coïncida avec un bref âge d’or, il fut suivi par un déclin de l’intérêt pour ces pays. Par cette séquence chronologique, c’est aussi la question de l’ambiguïté de l’ethnocentrisme et de l’hégémonisme qui est explorée.